Ceci est le deuxième article sur les Traités du Bien Ecrire. Le premier se trouve ici : http://emilycalligraphy.canalblog.com/archives/2008/10/19/10970948.html
Peter Bales, ou Balesius (1547 - environ 1610) était un calligraphe anglais de Londres. Il est effectivement connu pour sa reproduction de la Bible en miniature : nous détenons cette information d'un certain John Evelyn, qui dit de lui qu'il aurait écrit en 1575 "le Notre Père, le Credo, le Décalogue, avec deux courtes prières en latin, son nom, sa devise, le jour du mois et l'année du Seigneur, et le règne de la Reine, à qui il a présenté l'oeuvre à Hampton Court, écrite à l'intérieur de la circonférence d'un seul penny, enchâssée dans une bague bordée d'or et couverte d'un cristal, façonnée si précisément qu'elle était clairement lisible, à la grande admiration de Sa Majesté, de tout son conseil et de plusieurs ambassadeurs présents à la Cour". Il est également connu pour avoir produit une Bible à l'écriture si microscopique que le résultat faisait à peine la taille d'une noix.
Bales était surnommé "la personne la plus adroite de sa profession" par un dénommé Anthony. Il était très doué pour imiter les écritures manuelles d'autrui, et a été employé par Walsingham entre 1576 et 1590 dans certaines manoeuvres politiques. Il était le principal d'une école vers l'Old Bailey, à Londres, en 1590, lorsqu'il a publié Le Maître d'Ecriture (Writing Schoolemaster, in three Parts). Ce livre incluait un Art de la Brachygraphie (Arte of Brachygraphie), qui est l'une des tentatives les plus anciennes d'établir un système d'écriture rapide, l'ancêtre de la sténographie.
On est à une époque où l'imprimerie est en train de révolutionner le système des copistes. Chacun désirant apprendre à lire et à écrire, il y a des cours de lecture et d'écriture qui se mettent en place, et l'écriture fait pour la première fois l'objet d'un enseignement. Cet art se répand principalement par le biais de traités dits "du bien écrire", et de nombreux calligraphes anglais écrivent et tentent de mettre en circulation leurs propres traités. Peter Bales était l'un des calligraphes les plus influents à l'époque. Ces traités parlaient aussi bien de l'art de former les lettres que du matériel nécessaire.
Les plaques de cuivre gravé, qui entrent dans l'imprimerie en 1560, a servi principalement à affiner les traits de la plume une fois imprimées, rendant le résultat imprimé plus proche du résultat initial. Le maître calligraphe traçait les lettres à la plume, et elles étaient ensuite reportées sur le cuivre. Comme les traits étaient plus fins, les apprentis calligraphes (qui suivaient donc les traités imprimés par le procédé du cuivre gravé) utilisaient alors des plumes plus fines pour s'entraîner... d'où la naissance de l'écriture dite "anglaise", dont les traits sont très fins. On l'appelle aussi Copperplate à cause de ce façonnage dans le cuivre.
La publication de ces traités s'est poursuivie jusqu'à la fin du XVIIème siècle, et certains calligraphes n'ont pas hésité à produire une bonne vingtaine de traités, car comme n'importe quel auteur aujourd'hui, plus ils publiaient, plus ils étaient lus, plus ils devenaient connus et plus ils avaient de travail et donc d'argent.